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Etude

Impact des expériences de maltraitance infantile subies par les mères sur la connectivité cérébrale fœtale
Source : van den Heuvel MI, Monk C, Hendrix CL, Hect J, Lee S, Feng T, Thomason ME. Intergenerational Transmission of Maternal Childhood Maltreatment Prior to Birth: Effects on Human Fetal Amygdala Functional Connectivity. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry. 2023 Oct;62(10):1134-1146. doi: 10.1016/j.jaac.2023.03.020. Epub 2023 May 26. PMID: 37245707; PMCID: PMC10845129.

Résumé : Cette étude de Marion van den Heuvel (2023) se concentre sur la manière dont les expériences de maltraitance infantile subies par les femmes enceintes influencent le développement cérébral de leur progéniture avant la naissance.

Cette recherche intitulée "Intergenerational Transmission of Maternal Childhood Maltreatment Prior to Birth: Effects on Human Fetal Amygdala Functional Connectivity" permet d'expliquer que l’exposition maternelle à la maltraitance durant l’enfance a un impact profond et mesurable sur le développement cérébral fœtal. Les scientifiques ont établi un lien clair entre les expériences traumatiques des mères et la connectivité du réseau amygdalien du cerveau de leur progéniture in utero, ce qui soulève des questions essentielles sur la transmission des conséquences des traumatismes entre générations.

Les résultats démontrent que les fœtus de mères ayant été victimes de maltraitance présentent une connectivité fonctionnelle accrue entre l’amygdale et des régions cérébrales telles que les zones préfrontales et prémotrices gauches, accompagnée d’une connectivité plus faible vers le tronc cérébral et le cortex prémoteur droit. L’amygdale, qui joue un rôle clé dans la régulation des émotions et la réponse au stress, présente ainsi des altérations de ses schémas de connexion qui pourraient influencer la manière dont l’enfant gère les émotions et réagit aux situations de stress plus tard dans la vie.

Cette observation s’inscrit dans la continuité des recherches antérieures qui avaient déjà relevé une connectivité augmentée entre l’amygdale et le cortex préfrontal médian chez les nouveau-nés de mères exposées à des traumatismes infantiles. Cela laisse à penser que les modifications des circuits neuronaux du réseau amygdalo-préfrontal peuvent s’établir dès la vie intra-utérine et perdurer durant la petite enfance, avec des implications potentielles sur le développement émotionnel et cognitif futur.

L’étude a également exploré la possibilité de différences entre les sexes dans la connectivité cérébrale fœtale, mais contrairement à d'autres recherches, aucune différence significative n'a été observée. Toutefois, les auteurs notent que la taille modeste de l’échantillon pourrait expliquer l’absence de ces variations.

De plus, la détresse psychologique des mères durant la grossesse, qu’elle soit liée à la dépression, à l’anxiété ou à une qualité de vie moindre, n’a pas influencé de manière significative la connectivité amygdalienne des fœtus. Ainsi, les effets des maltraitances infantiles maternelles sur le développement cérébral prénatal apparaissent indépendants de la détresse psychologique actuelle, ce qui souligne l’impact profond et potentiellement durable des traumatismes passés.

Plusieurs mécanismes potentiels ont été évoqués pour expliquer comment les expériences de maltraitance des mères peuvent affecter la génération suivante avant la naissance. Les altérations épigénétiques dans la légine germinale maternelle, qui survivent au rétablissement des modifications post-conceptionnelles, constituent l’un des mécanismes clés. De plus, des modifications dans le cytoplasme de l’ovocyte ou des régulations endocriniennes atypiques (par exemple, de l’axe HPA) peuvent influencer le développement fœtal.
 

Ces perturbations intra-utérines émergent comme des signaux auxquels le fœtus s’adapte, résultant en des altérations neuroanatomiques et fonctionnelles précoces. Ces changements pourraient éventuellement accroître la sensibilité aux troubles psychiatriques dans la vie future.
 

Cette étude ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre l’impact à long terme des traumatismes infantiles des mères sur la santé mentale et le développement de leur progéniture. Des recherches longitudinales sont nécessaires pour clarifier comment ces altérations prénatales influencent le comportement et le risque de maladies psychiatriques à plus long terme.
 

Ces résultats renforcent l’idée que la santé mentale des mères doit être prise en compte non seulement durant la grossesse, mais bien avant, afin de briser le cycle des traumatismes intergénérationnels.
 

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